Maitrise information

Avec l’avènement d’internet et des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), l’accès à l’information n’a jamais paru si simple et facile. En consultant directement et immédiatement le web, l’internaute a l’impression de pouvoir tout savoir en quelques clics. La croissance exponentielle du nombre de pages web a cependant plusieurs conséquences :

  • la surabondance d’informations, appelée également infobésité, peut conduire à la désorientation, l’aveuglement, la saturation (« trop d’infos tue l’info ») et au découragement. En effet, comment retrouver l’information utile dans plusieurs milliards de pages web ? Autant chercher une aiguille dans une motte de foin ! La majorité des internautes recherche de façon approximative l’information sur le web et 90 % d’entre eux ne consultent que la première page de résultats affichés par les moteurs de recherche. Ils sélectionnent alors au hasard des documents qui répondent rarement à l’information exacte recherchée.
  • sur le web, on trouve une hétérogénéité d’informations, dans le fond et la forme, et de façon fragmentée. Cela va des rapports scientifiques aux textes de propagande, des documents promotionnels aux pages personnelles d’adolescents, des articles de journaux aux blogs… L’internaute est parfois confronté à de la désinformation* et/ou à une information médiocre. Tout cela l’amène à développer une méfiance générale envers internet et les médias, avoir une perte de repères et une confusion intellectuelle généralisée devant ce mélange des sources.
  • le manque de structuration des informations
  • la durée de vie éphémère du contenu de web : les pages apparaissent et disparaissent, les contenus et url changent, la fréquence des mises à jour dépend des sites.
  • introduite par les réseaux sociaux, la logique du temps réel entraîne une confusion entre l’évènement, sa saisie et sa réception ; une pression de l’urgence ; la logique du spectaculaire dans la transmission de l’information. L’instantanéité va à l’encontre de la lenteur nécessaire à la « digestion » de l’information.

Qu’est-ce que la maîtrise de l’information ?

Dans sa brochure Introduction à la maîtrise de l’information, l’UNESCO part du constat que « les ordinateurs, l’Internet et les appareils manuels sans fil sont en train de modifier en profondeur la manière dont les images, la voix et l’information sont créées, transmises, consultées et stockées. (…) Il ne suffit plus d’apprendre les technologies de l’informatique et des médias pour que les pays, les institutions et les individus récoltent tous les fruits des sociétés mondiales du savoir. » Le texte fait référence à La Proclamation d’Alexandrie, adoptée en novembre 2005, qui définit la maîtrise de l’information comme un moyen de « permettre aux gens, sur tous les chemins de la vie, de chercher, d’évaluer, d’utiliser et de créer l’information pour des objectifs personnels, sociaux, professionnels et éducationnels ». Cela signifie qu’à l’ère numérique, « la compréhension des technologies ne suffit pas. Ce que tout un chacun doit aussi faire, c’est apprendre à utiliser effectivement et efficacement ces technologies incroyablement diverses et puissantes pour rechercher, extraire, organiser, analyser et évaluer, puis utiliser à des fins concrètes de prise des décisions et de solution des problèmes. »

L’UNESCO définit ainsi onze étapes du cycle d’acquisition de la maîtrise de l’information :

Prendre conscience de l’existence d’un besoin ou problème dont la solution nécessite de l’information.
Savoir identifier et définir avec précision l’information nécessaire pour satisfaire le besoin ou résoudre le problème.
Savoir déterminer si l’information nécessaire existe ou non, et, dans la négative, passer à l’étape 5.
Savoir trouver l’information nécessaire quand on sait qu’elle existe, puis passer à l’étape 6.
Savoir créer, ou faire créer, l’information qui n’est pas disponible (créer de nouvelles connaissances).
Savoir bien comprendre l’information trouvée, ou à qui faire appel pour cela, si besoin est.
Savoir organiser, analyser, interpréter et évaluer l’information, y compris la fiabilité des sources.
Savoir communiquer et présenter l’information à autrui sur des formats/ supports appropriés/ utilisables.
Savoir utiliser l’information pour résoudre un problème, prendre une décision, satisfaire un besoin.
Savoir préserver, stocker, réutiliser, enregistrer et archiver l’information pour une utilisation future.
Savoir se défaire de l’information qui n’est plus nécessaire et préserver celle qui doit être protégée.

Les enjeux de la maîtrise de l’information

Nécessaire à la découverte, l’interprétation et la compréhension de la société, l’information permet aux hommes de se situer temporellement et spatialement, d’analyser et d’anticiper les situations auxquelles il doit faire face. Interprétée, structurée et mémorisée, elle devient connaissance. Détenir l’information adéquate et l’utiliser au bon moment et à bon escient représente un enjeu majeur pour chaque individu, organisme ou société. S’informer n’est pas seulement accéder à l’information recherchée mais aussi en connaître la source, évaluer la fiabilité, la pertinence et la traçabilité. L’infobésité rend ainsi encore plus nécessaire la maîtrise des sources d’information et de leur accès, l’utilisation une méthodologie fiable de recherche et les outils adéquates. Ces compétences informationnelles s’avèrent indispensables tant professionnellement que personnellement.

La maîtrise de l’information va au-delà d’un simple apprentissage des techniques documentaires, que l’on pourrait apprendre puis oublier. Il s’agit de former chaque individu à un usage critique de l’information qui va de pair avec une maîtrise des technologies de l’information. Les compétences ainsi acquises doivent ensuite être développées tout au long de la vie, à partir d’une base méthodologique bien structurée. La maîtrise de l’information participe ainsi directement au processus qui consiste à apprendre à apprendre. Ce blog a pour vocation de vous aider dans cette voie.

Deux chercheurs américains, Shapiro et Hugues, affirmaient dès 1996 : « Il faudrait en fait concevoir la maîtrise de l’information dans un sens plus large, comme une nouvelle branche des sciences humaines qui irait de l’utilisation avertie des ordinateurs et de l’accès à l’information à une réflexion critique sur la nature de l’information en tant que telle, ses infrastructures techniques, son contexte et ses effets sociaux, culturels, voire philosophiques, car elle est aussi essentielle pour la structure mentale des intellectuels de l’ère de l’information que l’était le trivium des arts libéraux (grammaire, logique et rhétorique) pour les érudits du Moyen Age. »